Déchets radioactifs : la France en pointe sur un fléau



Cafeine Le Mag
Vendredi 14 Août 2015

Depuis près de trente ans, la gestion des déchets radioactifs constitue un enjeu mondial de premier ordre. Leader en matière de stockage ou de retraitement des déchets radioactifs, et novatrice en termes de solutions de gestion des risques associés, la France apparaît en pointe sur ce fléau.


Pascal / Flickr (cc)
Pascal / Flickr (cc)
La gestion des déchets radioactifs, un enjeu majeur
 
La gestion des déchets, qu’ils soient radioactifs ou non, est encadrée en France par le code de l’environnement. Celui-ci indique (article L. 542-1-1) qu’ « une substance radioactive est une substance qui contient des radionucléides, naturels ou artificiels, dont l’activité ou la concentration justifie un contrôle de radioprotection » et pour laquelle aucune utilisation ultérieure n’est prévue ou envisagée. Les déchets radioactifs sont principalement générés par cinq secteurs économiques : l’électronucléaire, la recherche, la défense, l’industrie non électronucléaire et le médical. (1)
 
Ainsi, toutes les réglementations propres aux déchets en général s'appliquent aux déchets radioactifs. Mais ces derniers émettent des rayonnements et présentent de ce fait un risque spécifique pour la santé de l'homme. Tout au long de leur parcours, depuis leur production jusqu'à leur destination définitive, il faut donc les gérer avec des précautions particulières. C’est pourquoi, comme l’affirme l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nationale), « la création de filières d'élimination adaptées constitue un enjeu majeur pour l'ensemble des acteurs en présence : les industriels, les autorités réglementaires, les pouvoirs publics, les communautés locales et la population. » (2)
 
La France pionnière en matière de stockage et de retraitement
 
On classe les déchets radioactifs selon leur activité et la période de radioactivité des radionucléides qu'ils contiennent. Ce sont ces paramètres qui vont déterminer le niveau des protections à mettre en place.
 
La France, à l’instar de nombreux pays, a choisi le stockage industriel pour conserver les déchets radioactifs sans limite de durée. La majorité des déchets, très faiblement radioactifs ou de faible et moyenne activité, dont la durée de vie est courte, sont stockés en surface. Par ailleurs, des solutions pour stocker les déchets de faible activité à faible profondeur, ainsi que les déchets les plus radioactifs en stockage profond, sont à l’étude en France.
 
C’est dans ce cadre qu’EDF, soucieux d’assurer ses responsabilités d’industriel, construit une installation temporaire, appelée ICEDA, sur le site de la centrale du Bugey. Elle permettra de conditionner et d'entreposer les déchets moyennement radioactifs à vie longue provenant des neuf centrales nucléaires EDF en déconstruction. Ces déchets seront ensuite évacués vers le centre de stockage définitif de l'ANDRA (Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs) prévu à l'horizon 2025 par la loi. (3)
 
De la même façon, l’ANDRA a retenu fin 2013 la société d’ingénierie ASSYSTEM (aux côtés de CEGELEC et SPRETEC) pour l’accompagner dans la phase d’étude d’avant-projet du Cigéo (Centre industriel de stockage géologique), le projet français de centre de stockage profond de déchets radioactifs géré par l’ANDRA. (4) Une expertise qu’ASSYSTEM valorisera également dans le contrat-cadre qu’elle a signé en octobre 2014 avec l'Agence nucléaire pour les déchets radio- actifs de Roumanie : ASSYSTEM interviendra sur une première étude de faisabilité relative au traitement des déchets radioactifs pour le futur centre de stockage de Saligny en Roumanie. (5)
 
Mais certains déchets radioactifs peuvent aussi être retraités. C’est le cas des combustibles usés provenant des réacteurs nucléaires, dont le site AREVA La Hague (Manche), assure la première étape du recyclage. Entré en service en 1966, c'est le premier centre industriel de ce type dans le monde. De plus, AREVA, avec près de 10% du parc mondial des réacteurs à eau légère (PWR et BWR) chargé depuis plus de 40 ans, est aujourd'hui, dans l’usine Melox (Gard), le leader mondial de la fabrication de combustibles MOX (Mixed Oxyde Fuel), qui permettent de recycler le plutonium issu des combustibles usés récupérés à La Hague. La France, par l'intermédiaire d'AREVA, est ainsi à la pointe en matière de recyclage des combustibles usés.
 
Une solution innovante pour gérer les risques sur le long terme
 
Un autre acteur important sur la question du retraitement nucléaire est la société COFELY ENDEL, qui a participé à la construction de la majorité des centrales nucléaires françaises et intervient notamment dans la collecte, le traitement et la valorisation des déchets radioactifs. Et c’est précisément afin de gérer de manière plus affinée les risques des déchets radioactifs sur le long terme que l’ANDRA a fait appel à COFELY INEO, une autre filiale de la Branche Énergie Services du Groupe ENGIE (ex-GDF SUEZ), présente dans le secteur du nucléaire depuis 30 ans, pour développer une solution de management intégré des risques. Il s’agit d’un logiciel d’analyse et de gestion des risques intitulée « Asphales » (ce qui signifie « sécurité » en grec ancien), déployé par COFELY INEO sur les serveurs de l’ANDRA. Avec ce nouveau référentiel sécurité, l’ANDRA dispose désormais d’un outil d’analyses et de gestion des risques commun à tous les acteurs et tous les sites du territoire national.
 
(1) www.hctisn.fr
(2) www.irsn.fr
(3) http://energie.edf.com/nucleaire/carte-des-centrales-nucleaires/projet-iceda-82086.html
(4) www.assystem.com/fr/entreprise/actualites/la-gestion-des-dechets-nucleaires-avec-cigeo_243.html
(5) www.zonebourse.com/ASSYSTEM-4614/actualite/ASSYSTEM--Contrat-cadre-avec-lrsquoAgence-nucleaire-pour-les-dechets-radio-actifs-de-Roumanie-19200724

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