Amazon au secours des petits libraires ?



Lundi 23 Décembre 2013

Le nouveau PDG d’Amazon France revendique le fait d’aider les libraires indépendants. Et pourtant, en octobre dernier, l’assemblée nationale était unie sur le fait qu’il fallait défendre les libraires face à Amazon.fr avec une réglementation plus ferme pour les distributeurs électroniques.


Amazon au secours des petits libraires ?
Une histoire de prix

Le gouvernement était bien embêté avec ce problème de distribution de livres nouvelle génération. Et ce sujet dépasse la majorité puisque « "Le gouvernement est emmerdé depuis le début » s’exclame le Groupe UMP de l’Assemblée. En effet, le rapporteur du texte se trouve dans l’opposition. L’UMP Christian Kert indique : « Faire en sorte que le prix du livre vendu en ligne soit plus élevé que celui vendu par le détaillant en librairie indépendante ».
Alors le débat se focalise sur une histoire de prix. Le canal de distribution de la vente à distance permet d’appliquer comme pour les libraires « classiques » une réduction de 5% sur les livres neufs et d’inclure les frais de port dans le prix de vente du livre. Aussi bien la Fnac, qu’Amazon ainsi que de grandes librairies de province vendent les livres avec une gratuité des frais de port : cette décomposition du coût est incluse dans le prix du livre pour ce type de distribution. Le commerce électronique représente environ 20% des ventes de livres imprimés aujourd’hui (Librairies en ligne par Vincent Chabault, Presses de SciencesPo, mai 2013, ) et Amazon, le leader, détient 70% de part de marché. Ce type de distribution n’est pas vraiment accessible aux petits libraires en direct, car l’effort financier n’est pas à la portée d’un petit indépendant, et pour qui bien souvent les fins de mois sont longues et pénibles. Et ce n’est pas tout, puisqu’à partir de 2015, la TVA du pays de livraison devrait s’appliquer pour les frais de port.
Alors, Amazon a de quoi grincer des dents, puisque sa base stratégique européenne qui se situe au Luxembourg reste un très gros avantage. Le e-book par exemple est taxé à 3% dans le Grand Duché.

L’aide des petits libraires par les géants du commerce électronique

Amazon justement défend la thèse de l’aide aux petits libraires. Dans un entretien accordé le 20 décembre à RTL dans l’émission « paroles de dirigeants », le nouveau PDG d’amazon France, le centralien Romain Voog, déclare que « 40% des livres achetés sur amazon.fr sont des ouvrages spécifiques, que l’on ne trouve pas en direct sur l’étalage d’un libraire ».

De plus, M. Voog indique que les libraires indépendants ou encore les marchands de journaux sont aussi des relais colis qui sont bien contents de trouver Amazon pour attirer une clientèle qui vient récupérer son paquet et aussi vient acheter à cette occasion dans la boutique. Il est vrai également que des petits libraires indépendants se servent de la plateforme d’Amazon pour vendre des livres spécifiques, rares ou quasiment introuvables.

Ceci indique également que le canal de distribution par Amazon permet aux libraires indépendants de disposer à moindre coût d’un autre canal de distribution. Alors, aider les libraires indépendants, ne passe pas que par une histoire fiscale. Il semble nécessaire de leur donner accès aux moyens modernes de distribution sans trop de frais afin de toucher un public spécifique pour lequel les librairies indépendantes, souvent thématiques, sont extrêmement différenciantes.

(crédit photo : Librairie indépendante de Villard de Lans)

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