Attention, l'orthorexie gagne du terrain



Lundi 14 Avril 2014

L'obsession de manger sainement, telle pourrait être la définition de l'orthorexie, du grec "ortho" qui veut dire "correct" et "orexie" qui signifie "appétit". Et même si l'orthorexie n'est pas à proprement parler une maladie, on parle aujourd'hui de trouble du comportement alimentaire non spécifique (TCA-NS), un trouble qui serait de plus en plus présent bien qu'aucune donnée scientifique de prévalence de l'orthorexie dans la population ne soit connue à ce jour.


On peut aisément expliquer le phénomène montant de l'orthorexie par la recrudescence de scandales sanitaires liés à l'alimentation et à la multiplication des appels au "manger sain" largement relayés par les média. Halte aux pesticides, aux conservateurs ou autres adjuvants chimiques, aux modes de cuisson cancérigènes et à toute entrave à l'aliment parfait ! Sans parler de la multitude de régimes appelant à toujours plus de vigilance et de contrôle sur l'alimentation au quotidien.
 
Manger sainement n'est d'ailleurs pas considéré comme un trouble mais plutôt comme une démarche positive. Mais lorsque ce comportement est poussé à l'extrême, qu'il apporte avec lui une véritable souffrance et impacte négativement le quotidien des personnes atteintes, alors on peut parler d'orthorexie.
 
Comment savoir si l'on devient orthorexique ? Le Dr Bratman, médecin nutritionniste et premier à parler d'orthorexie en 1997, a élaboré un test simple qui permet de détecter les signes de la maladie à partir des 10 questions suivantes.
 
  • Passez-vous plus de trois heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?
  • Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?
  • La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle à vos yeux plus importante que le plaisir de le déguster ?
  • La qualité de votre vie s’est-elle dégradée, alors que la qualité de votre nourriture s’est du même temps améliorée ?
  • Etes-vous récemment devenu plus exigeant avec vous-même ?
  • Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sain ?
  • Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments “sains” ?
  • Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?
  • Eprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?
  • Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous manger sain ?
 
Si vous avez répondu oui à 2 ou 3 questions, le risque d'orthorexie est faible. En revanche, à partir de 4 réponses positives, le risque est plus élevé, voire le trouble déjà installé.
 
 
Le traitement est assez similaire à celui des troubles du comportement alimentaire, qui vise à réintégrer la notion de plaisir en mangeant. Pour cela, la psychothérapie est particulièrement adaptée car elle vise à reprendre le contrôle de soi en laissant parler ses envies sans pour autant culpabiliser. On recommande également la thérapie comportementale et cognitive, la même qui soigne les TOC (troubles obessionnels-compulsifs), en agissant sur l'anxiété liée aux obsessions alimentaires et aux compulsions (rituels de préparation des repas par exemple) qui en sont les conséquences.
 
 

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