Chômage, une soupe à la grimace fatale pour la France ?



Jeudi 28 Novembre 2013

Le chef de l’Etat français a promis une inversion de la courbe du chômage en cette fin d’année 2013. C’est une priorité convergente pour tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la première hausse du thermomètre chômage en 1973. C’est aussi le sujet favori de discussion des français à table. Et la soupe est de plus en plus difficile à manger avec le sourire.


Un refrain incessant, médiatisé et déformé

A chaque gouvernement, les petites formules fusent pour rassurer et aussi attirer les électeurs à propos du chômage, mais aussi alarmer. Le 14 juillet 1993, François Mitterrand déclare avec un soupir qui ne trahit pas sa tristesse : « en matière de chômage, on a tout essayé ». Il est vrai que le PS vient de perdre les élections législatives, mais tout de même…
Le chômage est bien évidemment un sujet national, et le yoyo effectué par le fameux taux de chômage, était fatalement en opposition de phase avec la courbe de popularité d’un premier ministre ou d’un chef de l’Etat. En 40 ans, l’assainissement du sujet est très difficile, chaotique, voire impossible. Un actif sur dix était chômeur en 1995, alors qu’ils étaient trois fois moins deux décennies plus tôt.
La barre des 7% n’a jamais plus été atteinte, les chiffres oscillant entre 8 et 10%. Le record du taux bas est depuis toujours détenu par le gouvernement Fillon en 2008, avec 7.4%. C’est une obsession pour le gouvernement en place de faire mieux.
Alors, comme l’évolution du taux de chômage fera toujours grincer des dents, puisqu’en relatif, à la hausse ou à la baisse, il ne va pas réellement bouger, on parle de « tendance ». C’est donc une mode de communiquer sur l’inversion de la courbe du chômage. Et normalement il n’y a que très peu de chances de se tromper compte-tenu de l’incessant effet yoyo.

Au menu des actifs, quelle soupe ?

Le plus important reste d’avoir de quoi manger dans son assiette tous les jours et de vivre dans des conditions descentes.
Alors, les salariés toujours en poste s’accrochent à leur job comme jamais. Les mesures législatives ne font que protéger encore un peu plus les actifs en poste et rassure. Il s’agit en d’autres termes d’immobiliser une organisation structurelle puisqu’aucune évolution ne semble possible. Et justement, le chômage reste essentiellement d’origine structurelle depuis plus de 40 ans.
D’un autre côté, les actuels chômeurs ont toutes les peines du monde à retrouver un nouveau travail, puisque la dynamique structurelle des entreprises, ratifiée par des mesures prises au plus haut niveau de l’Etat sclérose complètement un brassage vertueux.
En étant nuancé, l’objectif n’est pas d’alterner temporairement et de manière réversible un salarié avec un chômeur, mais de favoriser tout simplement la création d’emploi. Améliorer la flexibilité. La soupe devra donc être différente pour chacun. Comme l’indique le grand économiste Jean-Paul Betbèze, baisser les salaires et rendre un contrat de travail plus accessible seraient une voie de solution. La mesure semble radicale : la soupe devrait donc changer de goût pour tout le monde. Les salariés actuels grimaceront alors que les chômeurs, qui n’en seront plus seraient tout sourire.

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