Demain, j’achète le nom d’un cratère sur Mars



Vendredi 13 Juin 2014

Jusqu’à présent, on achetait des noms de domaine. Désormais, acheter un morceau de lune, ou le nom d’un cratère sur Mars, est possible, mais à quoi cela sert-il, à part épater les copains ?


Un cratère de Mars
Un cratère de Mars
Toto, Jojo, ou pourquoi pas Bernard ? Est-ce qu’on marche sur la tête ? Uwingu, une entreprise américaine offre, moyennant finance, à des particuliers, la possibilité d’acheter le droit de nommer des cratères situés sur la planète Mars. Si vous êtes en panne d’inspiration pour l’anniversaire de votre femme, vous pouvez toujours lui offrir l’opportunité de nommer elle-même un cratère… Si l’idée est insolite, les cratères existent par milliers, et grosso modo, ils se ressemblent tous un peu. Seul le nom pourrait les différencier. Mais au final, à quoi cela sert, à part épater son voisin ?

Financièrement, l’opération est raisonnable. Les premiers prix se situent autour de 5 dollars, pour culminer à 5 000, pour un cratère que l’on imagine plus gros et visuellement plus attractif. À ce rythme, ce sont dix millions de dollars que la société Uwingu espère récolter. Uwingu ne vend pas des titres de propriété, juste la possibilité de nommer un astre. Seule restriction, comme à l’état civil, il est recommandé de ne pas choisir des noms préjudiciables. Les noms sont ensuite inscrits sur un plan interactif. La cartographie de la planète et de ses cratères made in Uwingu est ainsi établie. Mais il semblerait que tout cela ne soit pas très réglementaire ni très sérieux... Dans le même temps en effet, les scientifiques grincent des dents.
 
Si Uwingu justifie cette opération en arguant que l’argent récolté sera utilisé pour financer la recherche, et l’éducation dans le secteur de l’astronomie, les scientifiques répondent que des réseaux de financement, comme des donations, des partenariats ou des sponsors, sont déjà mis en place depuis longtemps. Ainsi, l’IAU, l’International Astronomical Union est sensée être la seule organisation habilitée à baptiser des astres et autres corps célestes.
 
Elle s’est donc déclarée outrée par le projet d'Uwingu. L’IAU, estime que ce n’est qu’une vaste arnaque visant à commercialiser l’espace. Dans le passé, l’IAU s’est également opposée au projet Mars-One, lancé par l’ingénieur néerlandais Bas Lansdorp qui veut installer une communauté humaine sur Mars d'ici douze ans, ou encore, une vente de morceaux de lune...

Pour les scientifiques, il est normal de nommer un astre d'après un chercheur qui l'a découvert, ou qui a contribué à faire avancer le domaine de l’astronomie. Des appellations honorifiques sont aussi possibles, ou historiques, ou mythologiques. Ça se défend. Parce qu’au final, Uwingu vend quelque chose qu’elle ne détient pas. L'espace est-il à vendre, d'ailleurs, pourrait-on se demander ? On espère que non. 


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