Dépistage auditif : les enjeux de la proximité



Paulette Naro
Samedi 23 Mars 2013

La déficience auditive fait partie des problèmes de santé publique encore tabous en France. Son diagnostic, souvent associé à une certaine dramatisation, génère un sentiment de gêne chez les personnes qui en souffrent, quel que soit leur âge. Pour palier ces difficultés, il existe pourtant des solutions de proximité, simples et efficaces.


Dépistage auditif : les enjeux de la proximité

L'importance du dépistage auditif

Des acouphènes jusqu'à la surdité totale, environ 6 millions de français, 60% des plus de 45 ans, et 10% de la population mondiale souffrent de problèmes auditifs. S'il est bien connu qu'une baisse de l'acuité auditive survient en général à partir de cinquante ans, les plus jeunes sont également concernés. La musique à fort volume (discothèques, concerts, utilisation régulière du casque...) et le bruit permanent dans certaines zones urbaines fragilisent le terrain auditif et peuvent générer, plus tard, des problèmes sérieux. Le dépistage (gratuit et encadré par des professionnels dans les centres auditifs agréés), systématique à partir de la cinquantaine, et régulier chez les jeunes exposés à des nuisances sonores, apparaît comme une mesure nécessaire et responsable.
 
Si l'on se penche plus en détail, il apparait nettement que les personnes souffrant le plus de problèmes auditifs et de leurs conséquences sont les personnes âgées. Selon une enquête menée en 2007, 16% des 60-69 ans et 33% des plus de 80 ans seraient touchés par des problèmes d'audition. Compte tenu du vieillissement de la population, les chiffres devraient s'aggraver dans les prochaines années, et concerner de plus en plus de personnes. Il est également à préciser qu'un problème d'audition non pris en compte peut avoir des conséquences dramatiques pour les personnes âgées, comme un risque d'isolement social extrême.
 
La question de la prise en charge est relativement délicate dans la mesure où les problèmes d'audition ne sont pas toujours signalés par les patients (souvent par peur d'une certaine marginalisation) qui n'iront pas forcément d'eux mêmes dans un centre de dépistage, même dit "de proximité", comme la chaîne Audio 2000. La prévention apparaît comme essentielle car plus un problème est pris tôt, moins il a de risques de s'aggraver et de devenir gravement handicapant. Pourtant, en France seuls 14% des déficients auditifs portent une prothèse.
 
Les personnes de plus de cinquante ans sont souvent déjà confrontées à des problèmes de vue et conjuguer les deux appareils auxiliaires peut amener une certaine gêne chez le patient. Le rôle, primordial, des enseignes de proximité et de leur personnel qualifié entre alors en ligne de compte : il s'agit bien sûr de conseiller au mieux sur les solutions à adopter, et d'aider le client à se sortir d'une imagerie d'incompréhension, voire de honte. Les organismes de prévention, en informant en amont les personnes souffrant de troubles de l'audition, jouent aussi un rôle important. Ils peuvent amener les patients à se diriger vers les professionnels adaptés, en temps et en heure, et à choisir leurs appareils. Les centres de dépistages auditifs sont de plus en plus accessibles et bien installés dans les villes de moyenne envergure et les hypercentres.

Vers une dédramatisation de la prothèse auditive

Des universités américaines et brésiliennes ont récemment mis au point un logiciel fonctionnant à partir d'un téléphone portable et permettant de dépister les troubles auditifs du nouveau-né (environ 1 pour 1000 enfants souffre de problèmes d'audition à la naissance aux Etats-Unis). Baptisé Sana AudioPulse, le logiciel permettrait donc de dépister les problèmes dès leur apparition et d'apporter des solutions immédiates afin qu'ils ne s'aggravent pas. En France, comme nous l'avons vu, la question du dépistage est délicate et cette négligence coûte extrêmement cher à la Sécurité Sociale et aux personnes déficientes. La couverture d'un appareil auditif s'élève à 65% en moyenne.
 
La meilleure solution n'est autre qu'une prise en charge en amont, dès l'apparition des premiers signes avant-coureurs. Signes qui peuvent se manifester par des symptômes similaires à ceux de l'inattention : les personnes n'entendent pas certains mots, certaines fréquences, et ne s'en rendent compte qu'à force qu'on leur répète des phrases.
 
Dans cette optique, les dépistages proposés par des centres de santé (notamment à l'occasion d'événements spéciaux, comme la Journée Nationale de l'Audition qui aura lieu le 14 mars 2013 ), par des centres dédiés à l'audition ou des agences régionales de santé, tous bien implantés dans les petites villes, s'avèrent nécessaires et d'une importance capitale, surtout envers les personnes âgées. Un autre relais serait celui proposé par les enseignes de proximité, comme Audio 2000, filiale du numéro un français de la lunette, Optic 2000, qui offre des dépistages gratuits, et qui innove sur un double secteur : la vision et l'audition. Ses nouvelles lunettes baptisées "Audiovisuelles" associent une technologie auditive d'une discrétion absolue à des lunettes classiques, de manière à dédramatiser au maximum le port de prothèses auditives à partir de cinquante ans et de les associer, par les différentes branches de lunettes, à l'univers de la mode. Une enseigne comme Audika est également bien implantée sur le territoire français et bénéficie d'une certaine visibilité en la matière.
 
Au Québec, l'approche de la question auditive est multidisciplinaire : le maillage destiné à repérer les défaillances auditives repose sur l'action de professionnels de santé au sein de cliniques spécialisées. Médecins ORL, ortophonistes, audiologistes, audioprothésistes... conjuguent leurs actions et leurs compétences afin de dépister au plus tôt et d'encadrer les déficients auditifs (15% de la population canadienne) au plus près. Ce type d'initiative montre que la prise en charge médicale d'un problème peut permettre de lui apporter des solutions précises et dynamiques.
 
Ces différents exemples soulignent, avant tout, l'importance de la proximité avec les personnes déficiente auditives. Qu'il s'agisse de médecins, de centres spécialisés ou de magasins de proximité, chaque intervenant possède une mission bien particulière : aider des personnes en difficulté à vivre mieux, et à ne pas souffrir de leur affection. 

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