En Chine les employés des organes de contrôle anti-porno gagnent 32 000 dollars par an



Paolo Garoscio
Mercredi 7 Mai 2014

Encore une fois le gouvernement chinois a fait preuve d’ingéniosité. La nouvelle campagne de censure « Clean Internet Campaign 2014 » (Campagne pour un Internet Propre, ndlr) réalise un tour de vis dans les libertés liées à Internet dans le pays. Et elle s’attaque notamment à la pornographie, soit à environ 90% de l’Internet mondial. Mais pour censurer les centaines de milliards de contenus à caractère olé-olé qui traînent sur la toile, il faut une armada. Une armada bien payée.


cc/flickr/marsmet532a
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Ce sont les sociétés qui travaillent dans les nouvelles technologies qui se sont lancées dans la création de ces nouveaux organismes de contrôle et censure. Il faut dire qu’elles n’ont pas eu le choix car le gouvernement n’est pas tendre, et ce que l’entreprise soit chinoise ou pas. Le géant Sina, qui contrôle l’équivalent chinois de Facebook, Sina Weibo, a reçu une amende de 815 000 dollars fin avril 2014 pour avoir hébergé des contenus « indécents ».

Les entreprises courent alors aux abris et font appel à la jeune génération chinoise, sans doute plus apte à fouiller les méandres d’Internet à la recherche des seins, fesses et autres parties des anatomies féminines et masculines. La campagne de recrutement a reçu un succès fou : plus de 4 000 des deux sexes âgés entre 20 et 35 ans auraient postulé pour devenir les censeurs de la pudeur chinoise.

Il faut dire que le salaire est conséquent pour partir à la recherche des scènes de sexe : 32 000 dollars par an. Sachant que le salaire moyen annuel en chine est d’environ 5 000 dollars, ces jeunes recrues ont de quoi vivre tranquillement leur petite vie. Si on transposait cette différence en France, cela donnerait un salaire de plus de 100 000 euros nets par an.

Si, à la limite, la lutte contre le porno peut avoir un certain sens, ce qui inquiète les spécialistes c’est que le champ des contenus à censurer est bien plus vaste que la pornographie. Les contenus érotiques sont également ciblés tout comme les contenus « sexuellement suggestifs » comme les jeunes filles avec des t-shirts sans manches, et ce qu’elles soient réelles ou en dessin animé. Oui, en Chine porter un débardeur sera censuré…

Les analystes estiment que cette vision très large de ce qui peut être connoté sexuellement sera un prétexte facile et légal pour censurer tout type de sites et révoquer des licences à des entreprises.

Et juste à côté, à Hong-Kong (province indépendante chinoise), est sorti en 2011 le troisième volet de la série de films érotiques « Sex and Zen : Extreme Ecstasy », le premier film érotique/pornographique en 3D destiné à une diffusion dans les salles de cinéma classiques. Cohérence, quand tu nous tiens…

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