Ivres de livres



Lundi 27 Avril 2015

Ringarde la littérature? Que nenni ! Plus branchée et au goût du jour, tu meurs.


Joan Didion, égérie Céline
Joan Didion, égérie Céline
On l’a un peu trop vite enterrée. Mais contre toute attente, la littérature et les livres font un retour fracassant. Branchés, à la mode, dans l’air du temps. La bonne nouvelle ! Question fripes, ça déménage : la boutique Sonia Rykiel du boulevard Saint-Germain à Paris, est relookée en bibliothèque. Avec plus de 40 000 exemplaires sur les rayonnages, Julie de Libran, la directrice artistique de la marque, rend ainsi hommage à sa créatrice : Sonia Rykiel a toujours disposé des ouvrages dans ses vitrines, avec Grasset à l’angle de la rue, c’était facile, mais encore fallait-il y penser ! Chez l’ultra conceptuelle et branchée Phoebe Philo, la tête pensante de Céline, l’égérie du Printemps-Été 2015 est à aller chercher du côté des lettres anglo-saxonnes : Joan Didion, une icône de mode de 80 ans, tous cheveux gris dehors. On doit à cette essayiste et romancière américaine, le magistral Play It As It Lays paru en Français chez Robert Laffont sous le titre, Maria avec et sans rien, et plus récemment, son essai coup de poing : L’année de la pensée magique (Grasset). Dans le même registre, cette saison, Bret Easton Ellis, l’auteur culte d'American psycho (Salvy) et de Moins que zéro (Christian Bourgois) entre autres, joue les modèles pour les lunettes Persol.
 
Une autre vie après la littérature
 
Les écrivains eux-mêmes font de la littérature, le sujet et la marotte de leurs romans. Au printemps, on a bien rigolé avec La politesse de François Bégaudeau (Verticales). Ou la mise en abîme du romancier qui passe sa vie entre sombres dédicaces en librairie, et humiliations dans des salons littéraires de troisième zone. Avec force humour et second degré, il rend compte de la tournée promotionnelle d’un auteur devenu le VRP de son propre livre. Esclave finalement, avant de reprendre le dessus : torpiller les débats biaisés et se saborder lui-même. Dans La revanche de Kevin, le talentueux Iegor Gran (P.O.L), dresse le portrait au vitriol du monde littéraire. Un état des lieux socioculturel sanglant autour des affres d'un pauvre homme dénommé Kevin. Certes, il s'appelle Kevin, mais il est surtout écrivain ce qui complique encore plus ses affaires. Sans le dire, Kevin pense qu’au Salon du Livre, il a « le rictus du veau qu’on mène à l’abattoir. » Truculent. Et prodigieux aussi, le rebond de la librairie en 2015 : plus 5,5% en janvier. Alors HS la littérature ? Elle n’a pas dit son dernier mot.

Notez