L'Allemagne, fer de lance de la lutte européenne contre le flash trading



Cafeine Le Mag
Mercredi 31 Octobre 2012

En Bourse, le flash trading utilise des ordinateurs pour passer des ordres à la microseconde en utilisant des microvariations des cours. L'ordinateur bien plus rapide que le cerveau humain permet de gagner à coup sûr. Un jeu dangereux.


L'Allemagne, fer de lance de la lutte européenne contre le flash trading

A la vitesse de la lumière

Le flash trading, ou trading à haute fréquence s'est développé depuis deux ans dans le monde de la finance. Il s'agit d'utiliser la puissance des ordinateurs pour détecter les microvariations des marchés. Le cerveau humain ne peut suivre les machines qui utilisent des algorithmes ultrasophistiqués pour acheter ou vendre, à des vitesses calculées à la microseconde. Dans ces conditions, il est difficile de perdre, et la totalité des bénéfices réalisés à chaque transaction se chiffre en millions de dollars. Ainsi pour, Tabb Group, le flash trading aurait généré plus de 21 milliards de dollars de bénéfices en 2009. Avec de tels résultats, le trading à haute fréquence a envahi les bourses américaines avec 60 % des volumes d'actions concernées.
 
En Europe également le trading à haute fréquence s'est développé même si les Américains restent les champions en la matière. 25 % des volumes de transactions ont été ainsi réalisés en THF sur les places européennes. C'est dans ce contexte, ou des ordinateurs interviennent comme des automates sur les marchés, que s'est produit le krach éclair du 6 mai 2010. Cet incident aurait pour origine une erreur humaine, où un trader se serait trompé en saisissant un ordre. Le gendarme de la bourse américain, la SEC, a démontré que cette erreur a été amplifiée par les ordinateurs qui, emballés en dehors de tout contrôle humain, ont vendu de manière agressive.

Les Allemands les premiers

Si le THF n'a pas provoqué de krach en Europe, il n'en demeure pas moins que ses dangers sont réels dans des marchés particulièrement fragiles. D'ailleurs, les principaux utilisateurs du THF sont des fonds spéculatifs. Les algorithmes sont destinés à gagner, et les machines hors de contrôle peuvent amplifier des évolutions très défavorables. Plus encore, certains programmes génèrent de fausses informations simplement pour tromper les acheteurs. Par exemple, dans le « quote stuffing », les ordinateurs envoient des milliers d'ordres de vente ou d'achat, puis les annulent une microseconde plus tard, ceci simplement dans le but de ralentir les autres intervenants. En raison de telles pratiques, les ennemis du THF sont nombreux.
 
En Europe, les Allemands sont en première ligne dans cette bataille. Ils considèrent qu'il y a urgence, et ne veulent pas attendre l'intervention de la Commission européenne. Les pouvoirs publics préparent une loi pour encadrer le THF, et permettre aux autorités boursières d'agir en cas de nécessité. En particulier, ce texte devrait leur permettre d'interrompre toutes les transactions en THF s'il y a un risque pour les marchés. L'objectif du gouvernement allemand est que ce projet de loi soit soumis au Bundestag à la fin de l'année. Dans cette hypothèse, les Allemands seraient les premiers à disposer d'une législation du flash trading. Avant une réglementation européenne.

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