L'omniprésence des journalistes en question



Cafeine Le Mag
Mardi 27 Novembre 2012

À la veille des élections présidentielles de 2012, leur visibilité était accrue. Du matin au soir, sur les plateaux de télévision, sur les réseaux sociaux, dans les journaux et magazines, ils sont partout. « Ils », ce sont les journalistes « multicartes ».


L'omniprésence des journalistes en question

Les drogués de l'info

À 5 h du matin, ils sont déjà sur un plateau de télévision pour animer un débat, puis un autre sur les ondes d'une radio. Ensuite, ils consacrent du temps à Twitter toutes les quinze minutes, et enfin, ils se retrouvent au JT de midi... Décidément, les journalistes multicartes ne manquent pas d'énergie. Ils ont tout juste le temps de déjeuner sur le pouce qu'ils continuent de plus belle jusque tard le soir. Mais comment font-ils pour être partout et tout le temps ? C'est à l'unisson que tous répondent : « L'actu, c'est ma drogue, je dors 4 h par jour, je n’ai ni le temps de jouer au tennis, ni de m'occuper de ma famille. » Ainsi, ces drogués de l'info occupent une place prédominante dans les médias, tous les médias ! Ce qui a le don d'en énerver certains qui leur reprochent de monopoliser les débats démocratiques, et de diffuser une pensée unique. C'est sur ce point que leur omniprésence est remise en question.

L'omniprésence des journalistes agace

Tous se veulent être des spécialistes des questions politiques, mais interviennent sur tous les débats, qu'il s'agisse de culture, d'éducation ou encore d’affaires internationales. Une omniprésence que leurs détracteurs voient comme une atteinte à la libre pensée. Ils sont partout, et monopolisent les débats en imposant une pensée unique : la leur. Jean-Luc Mélenchon, candidat pour le Front de gauche à la présidentielle 2012 a été le plus contrarié d'entre tous les détracteurs. Celui-ci tient ces journalistes en détestation et déclarait au printemps 2012 son intention de les faire taire s'il était élu. Une animosité qui s'est souvent traduite par des agressions sur des journalistes, et même Laurence Ferrari, présentatrice du JT sur TF1, en a fait les frais. Jean-Luc Mélenchon promettait ainsi au cours de la campagne de prendre à cette « perruche » (c'est ainsi qu'il la qualifiait alors), une grosse partie de son salaire s'il était élu. Mais l'agacement de ce dernier n'émeut pas plus que cela les journalistes « multicartes », qui ont bien des arguments pour se défendre.

L'élite multicarte se défend

Parmi les plus connus et plus actifs des journalistes « multicartes », qu'on appelle aussi les journalistes « multimédia », on retrouve Alain Duhamel, Laurent Joffrin, Jean-Michel Aphatie, Éric Zemmour, Yves Calvi, Joseph Macé-Scaron ou Christophe Barbier. Ces derniers, face à leurs détracteurs, défendent le rôle important qu'ils ont à jouer, notamment dans l'arène politique, et insistent sur le mythe de la pensée unique. Ils entendent les critiques, mais restent convaincus du bien-fondé de leur travail. Ils considèrent d'ailleurs les accusations de Jean-Luc Mélenchon comme infondées. Certains, comme Christophe Barbier, revendiquent le personnage médiatique qu'ils ont créé, une façon on ne peut plus pratique de déjouer les attaques, car en fin de compte, ces journalistes sont tout autant des acteurs de théâtre que des professionnels engagés. Et c'est en artistes qu'ils se produisent sur tous les supports médiatiques, et ce, disent-ils, afin de soumettre leur point de vue de manière ludique. Alors leur omniprésence est-elle réellement antidémocratique ou résulte-t-elle simplement de la fusion entre la politique et les médias du divertissement ?

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