La Commission européenne autorise le retour des farines animales dans l’alimentation des poissons d’élevage



Cafeine Le Mag
Mercredi 27 Février 2013

Début 2013, la Commission européenne autorisait l’utilisation de farines animales pour l’alimentation des poissons de la filière piscicole. Au regard du précédent bien connu de la vache folle, cette décision fait débat et pousse la France à s’en détourner. La méfiance à l’égard de farines animales demeure forte. Mais l’attachement au principe de précaution n’est le fait que d’une minorité de pays au sein de l’Union européenne.


La Commission européenne autorise le retour des farines animales dans l’alimentation des poissons d’élevage
En juillet 2012, les experts de la commission européenne approuvaient l’autorisation de l’utilisation de farine de porcs et de volailles dans l’alimentation des poissons de pisciculture. C’est ainsi que s’est enclenché un processus de réintroduction des farines animales de non-ruminants afin de nourrir les poissons. Dès sa promulgation, cet avis fait alors l’objet d’une polémique.
 
En 1996 et en 2000, des crises sanitaires successives avaient mis en lumière le lien entre la consommation par les animaux d’élevage de farines composées de viandes et d’os bovins et le développement d’une épidémie d’encéphalopathie spongiforme étendue à l’homme. Ces crises de la vache folle avaient alors convaincu les pouvoirs publics de la nécessité d’interdire durablement l’emploi de farines animales dans les filières d’élevage.
 
Suivant l’avis des experts formulé en juillet 2012, la Commission européenne a toutefois voté la levée de l’autorisation des farines animales pour l’alimentation des animaux non terrestres. Cette réautorisation prendra effet le 1er juin 2013, à l’exception toutefois de la France et l'Allemagne qui ont choisi de s’en tenir à une interdiction pure et simple de ce mode d’alimentation des bêtes d’élevage.
 
« La France a voté contre et la France n’introduira pas ces protéines animales pour ce qui la concerne », a déclaré ainsi François Hollande le 23 février 2013 à l’occasion de sa visite au Salon de l’agriculture de Paris. L’attachement de la France aux principes de précautions et aux enseignements des crises sanitaires des années 1990 est plus que louable. Pourtant, il reste à organiser la protection du consommateur. Et cela est loin d’être une tâche aisée.
 
La ministre de l’Écologie, Delphine Batho, a pour sa part réclamé que la filière piscicole se dote d’un étiquetage permettant d’identifier les produits contenant du poisson élevé sans farines animales. Mais au lendemain de la crise de la viande de cheval, il apparaît désormais comme une évidence que la traçabilité est un objectif presque impossible à atteindre pour une filière industrielle aussi fragmentée que la filière alimentaire.
 
Par ailleurs, les farines animales sont présentées par les experts de la Commission européenne comme une solution nutritive d’une rentabilité incomparable en ces temps de flambée des prix des céréales. Les défenseurs des farines pointent également du doigt que les crises sanitaires des années 1990 étaient également dues à des dérives qui ont de fait permis le cannibalisme animal et l’empoisonnement des cheptels, les bovins herbivores d’élevage étant alors nourris à l’aide de farines de viandes et d’os bovins.
 
Reste que le risque de contamination croisée demeure important dans les filières qui s’apprêtent à utiliser de nouveau ces farines animales. En l’absence de tout organisme chargé de contrôler la séparation réelle de filière de production de farines d’une part, et de viande d’autre part qui empêchera que des dérives similaires à celles que l’on a observées dans les années 1980 et 1990 ne se reproduisent et entretiennent à nouveau le risque d’une crise sanitaire ? Malgré le feu vert de la Commission européenne, les arguments en faveur et en défaveur des farines animales continuent de s’affronter. En France en tout cas, le débat n’est donc pas tranché, et loin d’être terminé.

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