Le papier français en déclin



Daniel Dupuis
Mercredi 22 Janvier 2014

Vendredi 24 janvier 2014 devrait être le dernier jour de travail de la plus ancienne usine de France âgée de 535 ans… C’est la papeterie de Docelles dans les Vosges. Les papeteries françaises s’éteignent les unes après les autres.


La papeterie, fleuron passé de l’industrie franco-française

Il n’y a qu’à lire Asterix, d’Uderzo, et il est évident que la France d’antan était boisée. Et c’est toujours le cas. La sylviculture a toujours représenté une part importante de l’agriculture. Ce n’est pas un hasard, si la France a créé l’école des Eaux et Forêts, qui reste quant-à-elle toujours convoitée par les plus brillants étudiants en agronomie, issus quasi-exclusivement de la meilleure école européenne d’ingénieurs agronomes : AgroParisTech.

Tout est naturellement présent : l’eau et le bois. Rien de tel pour créer du papier,…et en France du papier de très bonne qualité. La Lande artificiellement plantée en Gascogne a servi à développer localement l’industrie du papier. C’est également le cas dans les Vosges où l’eau et les bois sont extrêmement présents et très bien exploités. C’est aussi le cas en région toulousaine et aux abords du delta du Rhône entre Gard et Bouches du Rhône.
Et si vous avez de la mémoire, certains noms encore présents doivent forcément vous rappeler des souvenirs : Clairefontaine, Rhodia, G. Lalo, … Et le berceau est français.

Modernisation des supports

Pourquoi les papeteries disparaissent ? Tout simplement parce que le flux de courrier diminue d’année en année. On écrit moins, et pire, de manière manuscrite, on écrit quasiment plus ! Alors, les courriers électroniques vont bon train, pendant que le courrier physique n’a plus la cote. C’est justement ce que revendiquent les propriétaires de l’usine de Docelles, une multinationale finlandaise, UPM, qui indique que l’usine vosgienne est certes moderne par ses machines, mais elle est en surcapacité.

Alors, comme il s’agit de la plus petite usine du Groupe papetier, le choix a été vite fait de vouloir fermer cette usine pour concentrer les capacités de production dans des sites plus gros, en vantant la flexibilité des productions.
L’usine de Docelles pouvait ne faire pâlir plus d’une avec ses machine flambant neuves, notamment une accueillie en 2006, qui a coûté 26 millions d’euros et qui a permis d’augmenter la capacité de production de 30%, avec de petites rafales. Il n’est pas impossible non plus que le coût du travail et du site ne soient engagés dans la décision, avec des impôts toujours plus élevés et un coût de production qui ne cesse d’augmenter.

Le papier d’écriture devient rare, et c’est une opportunité pour d’autres, comme pour LVMH qui a décidé d’ouvrir une boutique de luxe pilote, en papeterie et écriture en plein cœur du quartier littéraire de Saint Germain des Prés.

Des papeteries ravivées

Tout n’est peut-être pas fini, puisqu’au moins trois papeteries de l’hexagone ont trouvé repreneur, parfois même après un an d’inactivité, comme celle d’Alizay dans l’Eure qui a été rachetée par un conglomérat Thaïlandais. Les acteurs sont bien souvent asiatiques, comme l’indonésien Paper Excellence. Mais il serait fort possible que les salariés décident de reprendre par eux-même la papeterie de Docelles sous forme d’une SCOP. La papeterie française se porte mal, mais tout n’est pas terminé, bien loin de là.

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