Le photovoltaïque est-il mort-né en France ?



La Rédaction
Vendredi 20 Septembre 2013

Les énergies renouvelables font aujourd'hui partie intégrante de la politique de développement énergétique de la France. Pourtant, depuis la baisse des tarifs de rachat de production par EDF en 2011, le marché des énergies renouvelables, notamment celui du photovoltaïque, est en déclin. Une baisse du tarif de rachat d’EDF qui se justifie par la réduction des coûts d'acquisition des installations photovoltaïques, mais qui pourrait bien entrainer la mort du photovoltaïque Français.


Le photovoltaïque est-il mort-né en France ?

Le marché de l'énergie photovoltaïque

À l'origine, le photovoltaïque était essentiellement utilisé pour produire de l'électricité dans des zones isolées. Mais devant faire face au problème du réchauffement climatique et à une demande croissante en électricité, la France a fini par s'orienter vers des applications diversifiées du photovoltaïque. Ainsi, grâce à des subventions et à la mise en place d'un dispositif de rachat de l'électricité produite par les installations photovoltaïques, le photovoltaïque a rapidement trouvé une place de choix sur le marché de l'énergie. Depuis 2006, ce marché a connu une forte croissance avec un pic entre 2010 et 2011. La progression du parc photovoltaïque français a même surpassé les objectifs du Grenelle de l'environnement sur cette période. Le gouvernement français en a conclu que le marché du photovoltaïque était arrivé à une maturité suffisante pour décider d'une baisse des tarifs de rachat de production par EDF. Une erreur qui pourrait bien tuer le marché du photovoltaïque, car des milliers de dépôts de bilan ont déjà été constatés. Il faut dire que cette baisse est intervenue dans un contexte de crise, et que même sur ce marché en forte croissance, les entreprises souffrent. Conséquence : le marché du photovoltaïque tourne aujourd’hui au ralenti.

Le photovoltaïque, sous le feu des critiques

Au-delà des difficultés apportées par la crise, les acteurs du marché du photovoltaïque ont toujours été confrontés à la réticence de nombreux observateurs et consommateurs. En effet, depuis les prémices de ce marché, le photovoltaïque a été remis en cause à maintes reprises, notamment pour son coût d’acquisition élevé, et son impact carbone, qui ne serait pas aussi faible qu’annoncé. Il s’avère que cette technologie verte est majoritairement produite dans des pays lointains, et que l’impact carbone, lié à la fabrication des panneaux et autres composants nécessaires à la production d’électricité par conversion photovoltaïque, serait supérieur aux bénéfices environnementaux, apportés par l’exploitation de centrales photovoltaïques. Bien qu’aucune étude sérieuse n’ait encore démontré l’impact global, en considérant la fabrication des matériaux dans le bilan carbone des centrales photovoltaïques, le marché du photovoltaïque fait l’objet de nombreuses critiques à ce sujet. Ce qui n’a pas empêché le marché de croître, et ce, grâce aux subventions de l’État. Un argument financier important, car en plus d’accorder des primes aux entreprises et particuliers pour réduire le coût d’acquisition, le surplus d’énergie pouvait être revendu à un prix très intéressant, à savoir 0,60 centime d’euro le kWh. Un amalgame de conditions incitatives qui suffisaient à soutenir le marché du photovoltaïque, mais depuis la baisse du tarif de rachat, on n’entend davantage parler des aspects négatifs du photovoltaïque. Pourtant, le photovoltaïque reste une solution d’avenir selon plusieurs spécialistes et acteurs de ce marché.

L'énergie photovoltaïque : une ressource inépuisable

Dans les débuts du photovoltaïque, le recours à cette énergie était essentiellement motivé par une sensibilité accrue aux problématiques environnementales, et par les économies d'énergie réalisables sur le long terme. Même si le bilan carbone des installations photovoltaïques est souvent remis en cause, que la baisse du prix de rachat de la production photovoltaïque est survenue trop tôt, et au mauvais moment selon certains, il ne faut pas oublier que le recours au photovoltaïque présente l'énorme avantage de solliciter une source d’énergie inépuisable : le soleil. Un argument d'autant plus fort que l'on sait combien la dépendance au nucléaire et aux ressources fossiles telles que le pétrole ou le charbon pose des problèmes. Un argument suffisamment important selon certains observateurs et spécialistes, pour qui le photovoltaïque doit continuer à se développer. Bon nombre d’entre eux considèrent d’ailleurs que rien n’empêche ce développement. Rappelons que la baisse des tarifs de rachat de production électrique est intervenue dans un contexte de forte concurrence, où les prix d'acquisition ont fortement diminué. Crise ou pas, et bien que l’on puisse reprocher au gouvernement d’avoir agi par surprise, cette baisse était inévitable. Il est vrai que la France aurait pu suivre l’exemple de l’Allemagne, où les baisses des tarifs de rachat sont programmées sur le long terme à des dates fixes. Ainsi, les investisseurs et acteurs du marché français auraient pu  s’organiser en conséquence, et à l’avance. Quoi qu’il en soit, le photovoltaïque reste la seule solution énergétique aussi pérenne que fiable.

Le photovoltaïque, une solution fiable et pérenne

Face aux nombreuses critiques qui accablent le marché du photovoltaïque, il est important de rappeler que ce marché est arrivé à une maturité suffisante pour proposer des équipements d’une grande fiabilité. Les constructeurs et même les assureurs garantissent des durées de vie comprises entre 20 et 30 ans. Bien que le prix d’acquisition demeure élevé, la durée du retour sur investissement reste inférieure à la durée de vie des installations, et ce, même avec des tarifs de rachat divisés par deux. De plus, contrairement à l’éolien et aux autres types d’énergie verte, le photovoltaïque assure une production avec un risque très réduit de rupture. En effet, même par temps couvert, la puissance des installations reste importante et constante, alors que dans le cas de l'éolien par exemple, une période sans vents équivaut à une rupture de production. Certes l'électricité peut être stockée grâce à des batteries au Lithium dans le cas de l’éolien, mais il est difficile d'ajuster la puissance délivrée en temps réel et en fonction de la demande, affirme EDF qui récupère les surplus d’électricité sur son réseau. Dans l’approche globale du développement des énergies vertes, chaque technologie à sa place, car selon les régions et conditions climatiques, l’une peut être plus efficiente que l’autre, et elles peuvent même être complémentaires. Une complémentarité qui se joue toujours avec le photovoltaïque comme composante.

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