Le siège éjectable de rigueur pour les exécutifs



Jeudi 14 Novembre 2013

Les dirigeants exécutifs n’ont jamais été aussi malmenés dans leurs fonctions où chaque jour suffit sa peine. Les départs organisés médiatisés ou non ont le vent en poupe. Phénomène passager ou habitudes de management davantage visibles ?


Le siège éjectable de rigueur pour les exécutifs
Le client de supermarché n’a jamais été aussi versatile depuis le début de la crise de 2008. Et curieusement, il en est de même pour les conseils d’administrations avec leurs grands patrons. A de tels niveaux de responsabilité, le choix s’avère avant tout humain. La relation de proximité et la cohésion de groupe entre les membres d’un même comité exécutif se doit d’être très élevée. C’est peut-être ce qui a coûté la place à Toshiyuki Shiga numéro deux du Groupe Nissan, et premier fusible aux manettes du constructeur automobile nippon (Libération, 1er novembre 2013). Les relations s’étaient peut-être dégradées avec le grand patron Carlos Ghosn, sans doute pour une divergence de point de vue ambivalente du « nippon ni mauvais »

Sur un autre registre, Carlos Tavares, numéro deux de Renault est parti sous le feu des projecteurs compte-tenu d’une dégradation apparente de ses relations avec le même chef que Monsieur Shiga. Monsieur Tavares dont l’ambition est à la hauteur de ses exigences, avait manifesté son intention de prendre les rênes du constructeur automobile français. Dans ces comités de direction où les égos sont démesurés, on peut comprendre l’embarras d’un Carlos Ghosn, qui a l’habitude de garder ses distances avec ses collaborateurs, (Le Monde supplément économique, 4 novembre 2013). Peu importe qui est le numéro un, personne n’aime se voir ravir sa place par son second.
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Les luttes de pouvoir ont toujours existé, comme l’exemple de Jean-François Roverato, le PDG d’Eiffage qui d’une manière très subtile s’est toujours entouré d’exécutifs dont il a su se servir avec agilité, puis les remercier le moment venu. Ce fut le cas avec M. Heitz, un numéro deux qui n’a pas duré (Le Monde, 17 mai 2008), pourtant promis à prendre la succession. Peut-être que M. Roverato n’était pas prêt à passer la main.

Et pourtant, d’autres motifs peuvent faire bouger de grands dirigeants. Guillaume Poitrinal, le plus jeune PDG du CAC40 il y a peu encore, a quitté la Direction d’Unibail-Rodamco pour passer à autre chose. A l’inverse de M. Roverato, la motivation était donc de construire autre chose dans un autre contexte entrepreneurial. C’est sans doute une manière de répondre à la crise, en construisant autrement avec des talents comme M. Poitrinal.

L’imminent départ de Mireille Faugère, à la tête des hôpitaux de Paris fait suite au management contesté de l’Hôtel Dieu. Au-delà d’une décision qui avait été prise de fermer les urgences de cet établissement historique, Madame Faugère joue sans doute le rôle d’un bouc émissaire. Les élections municipales de 2014, se préparent et les élus potentiels de la capitale incitent à dénoncer des écarts pour rallier des voies électorales.

Tout porte à croire que les voltiges les exécutifs ont toujours existé, et qu’elles perdureront, pour des raisons souvent très étonnantes. La médiatisation des départs est devenue quant à elle une habitude nouvelle.

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