Notre avenir passe par "L'âge des low tech"



Valérie Dumas
Mercredi 11 Juin 2014

L'ingénieur Philippe Bihouix publie un livre qui prend le contre-pied de la course effrénée vers toujours plus de technologie, en se tournant vers les low tech, c'est à dire les « basses technologies ».


"L'Âge des low tech. Vers une civilisation techniquement soutenable" / Philippe Bihouix. Seuil, 2014.
"L'Âge des low tech. Vers une civilisation techniquement soutenable" / Philippe Bihouix. Seuil, 2014.

Donner un coup de frein

"On peut se montrer fort sceptique sur la possibilité réelle de donner un coup de frein dans notre monde en pleine accélération. Mais faites le test en prenant un interlocuteur au hasard. Il y a de bonne chance qu'une personne sensée reconnaisse assez vite que les choses ne peuvent plus durer ainsi. Tout le monde se rend compte que la vie sera plus dure pour les générations à venir : pour trouver un travail, un logement, un espoir... Même les climato-sceptiques ne peuvent nier les alertes sur tous les autres paramètres analysant l'état de la planète." Spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique, Philippe Bihouix est avant tout réaliste. Pour éviter les chocs des pénuries à venir, il recommande de mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.
 
L'auteur veut avant tout alerter ses lecteurs sur le leurre que représentent les technologies dites "vertes" dont on dit trop facilement qu'elles seront à même de sauver la planète et d'apporter de la croissance. Ce sont les énergies renouvelables, les réseaux intelligents, l'économie circulaire, les nano-technologies ou encore les imprimantes 3D. Mais ces technologies sont en réalité plus consommatrices de ressources rares, souvent plus complexes à recycler et conduisent inévitablement, pour Philippe Bihouix, à l'impasse. De là, l'auteur s'applique à démonter ce mirage des innovations high tech pour proposer une alternative viable, celle des low tech, s'inscrivant dans un système économique soutenable, c'est à dire généralisable à toute l’humanité, durable dans le temps au fil des générations et adaptable à notre planète finie.

Le low tech à l'échelle des individus

A quelle échelle pourrait se mettre en oeuvre notre transition ? se demande l'auteur. "Il n'y a rien à attendre d'une organisation mondiale. L'Etat national arbitrera vers les restrictions qui ont la plus grande acceptabilité sociale. On travaillera sur la résilience à l'échelle d'un territoire, comme le mouvement des « villes en transition ». La simplicité volontaire et la modération choisie peuvent se faire au niveau individuel. Reste l'échelle intermédiaire, groupe de régions ou petit groupe d'Etats."

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