Pente savonnée pour le savon Marseillais



Mercredi 12 Février 2014

Le savon de Marseille, a acquis en 2013 son Appellation d’Origine Protégée (AOP). Et pourtant, les derniers savonniers seront en difficulté sans action.


Pente savonnée pour le savon Marseillais
Manufacture et artisanat en difficulté

C’est à Peyruis, à mi-chemin entre le Monastère de Ganagobie et Sisteron que perdure la dernière savonnerie artisanale à l’huile d’olive en Provence, celle de la famille Paschetta & Henry.
Le savon de Marseille sert au lavage naturel, et décrasse à fond, du linge au corps. Les moines l’ont bien compris depuis des siècles : ce produit permet de mieux vivre et prend soin de l’individu.

L’artisanerie a laissé place à de petites manufactures tout autour de Marseille, depuis des lustres. Même à Paris, au Bazar de l’Hôtel de Ville (BHV), on y vend des savons de la ferronnerie du fer à cheval, et à Auchan, on vend également des produits simples ayant pour origine la savonnerie de Marseille. Il s’agit de deux marques marseillaises de savons fabuleux. Ces marques appartiennent à la Compagnie des Détergents et des Savons de Marseille ( CDSM), plus que centenaire. Cette entreprise a attendu son repreneur, en raison de ses grandes difficultés financières. Finalement c’est un fond asiatique avec un groupe d’investisseurs français qui reprend l’entreprise. Et celle-ci n’est pas à l’abri de difficultés récurrentes par une concurrence forte et des copies légales qui n’ont rien à voir avec le savon marseillais.

Une concurrence politiquement « déloyale » qui demande une protection du savon

Le savon d’Alep a fait son apparition dans la plupart des stands de vente. Rien ne le protège et la matière première peut tout à fait venir de Malaisie ou du Vietnam, comme l’huile de palme. Alors, avec le marketing d’un savon haut de gamme, qui n’en est pas vraiment un, compte-tenu d’une traçabilité aléatoire et d’une qualité pas toujours homogène, il était important de répliquer pour le savon marseillais en le protégeant.

De ce fait, de nombreuses savonneries qu’elles soient industrielles ou à l’état de manufacture vont pouvoir renaître. La localisation va être déterminante. Il reste tout de même à protéger le savoir-faire et la composition. Le moulin Paschetta en sait quelque-chose, puisque ce dernier artisan produit lui-même son savon avec son huile très parfumée. Les industriels n’ont qu’à se rendre dans cette savonnerie historique pour prendre exemple, et qui ne deviendra pas un musée.

C’est donc l’huile AOC qui pourra faire toute la différence pour produire un savon de Marseille de qualité, et pas avec une huile d’olive sans provenance ou une huile d’un autre végétal beaucoup moins noble. Hélas, il est sûr que les prix de vente vont flamber. Et peut-être que le savon de Marseille entrera dans les produits de luxe, qui devra certainement se prémunir rapidement des contrefaçons. Ce sera le prix à payer pour un produit naturel du bien-être. Les consommateurs seront vite convaincus.

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