Pétrole : l’Amérique du Nord entre dans une ère nouvelle



Cafeine Le Mag
Lundi 7 Avril 2014

Un article paru le 31 mars 2014 dans ParisTech Review met en lumière l’entrée des Etats-Unis et du Canada dans une nouvelle phase, concernant la production et la distribution de pétrole sur le territoire. L’Amérique du Nord doit en effet faire face à trois phénomènes récents, associés à l’émergence de nouvelles technologies : l’explosion de l’offre, l’accroissement de la concurrence et la contraction de la demande. Aujourd’hui, avec une production relocalisée qui pose des problèmes d’acceptabilité sociale, l’accès aux marchés est devenu la question majeure.


Le premier choc pétrolier a provoqué une brusque augmentation du prix du pétrole, en 1973. A l’image d’une grande partie du monde, l’Amérique du Nord a alors fait de l’approvisionnement énergétique sa principale préoccupation. D’importants moyens financiers, militaires et politiques ont ainsi été mis en œuvre en faveur du développement de technologies énergétiques et de la protection de l’accès aux ressources au Moyen-Orient. Entre 1985 et 2005, malgré une baisse du prix du pétrole, la dépendance énergétique des Etats-Unis a connu une hausse constante (en 2008, les deux tiers du pétrole américain sont importés). Le début des années 2000 a marqué une remontée des prix mondiaux du pétrole qui, couplée à l’essor de nouvelles technologies énergétiques, a fait entrer l’Amérique du Nord dans une nouvelle ère du pétrole.

Au cours des cinq dernières années, la production de pétrole en Amérique du Nord a fortement augmenté. D’après la Energy Information Agency (EIA) et la Canadian National Energy Board (NEB), la production des Etats-Unis et du Canada devrait atteindre 14,4 Mbbl/j d’ici 2020 (7,8 Mbbl /j en 2008). L’extraction des gaz et pétrole de schiste et l’exploitation des sables bitumeux expliquent une telle performance. L’accès à ces réserves de ressources a été rendue possible avec la mise au point de techniques modernes, telles que le forage horizontal et la fracturation hydraulique.

Dans le même temps, entre 2001 et 2011, la demande en pétrole brut de l’Amérique du Nord a chuté d’environ 1,3%. Ce déclin devrait se poursuivre avant une stabilisation à environ 15 Mbbl/j d’ici 2025. La consommation de pétrole étant lié à 70% au carburant pour le transport, la concurrence principale est constituée par la prestation des services de transport. Celle-ci comprend les biocarburants (éthanol et biodiesel), le gaz naturel et les véhicules électriques.

Le développement des technologies de l’information et de la communication de ces trente dernières années a foncièrement bouleversé les modes de vie. Des changements importants pourraient intervenir dans la conception urbaine, avec une densification accrue et une moindre dépendance aux véhicules de transport personnels. La transformation des besoins de transport dépendra probablement de la mise en œuvre de technologies actuellement en cours de développement.

Ainsi, comment acheminer le pétrole des nouveaux centres d’approvisionnement jusqu’aux marchés, qu’ils soient intérieurs ou internationaux ? En effet, les sables bitumeux du Canada et les gisements de Bakken se situent dans des régions privées d’accès à la mer et les pipelines n’ont pas la capacité d’acheminer les niveaux de production jusqu’aux raffineries. Des demandes de construction de pipelines, déposées ces dernières années, ont suscité de vives oppositions de la part des groupes environnementaux et de la société civile, invoquant les émissions de gaz à effet de serre, la pollution des nappes phréatiques,  les fuites de pétrole et les relations avec les peuples indigènes. Des efforts de recherche concertés sont déployés pour mettre en œuvre de nouvelles technologies d’exploitation du pétrole qui aient un moindre impact sur l’environnement.

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