Les signes les plus visibles en sont les tremblements, mais aussi un dérèglement des mouvements du corps auquel s’ajoute souvent un état dépressif et des problèmes de régulation de tension. A une époque où les modes de vies et les progrès de la médecine nous permettent de vivre plus longtemps, on se pose inévitablement des questions relatives à la guérison de cette maladie ou à la manière de "vivre avec".

On ne meurt pas de Parkinson
Le neurologue Marc Ziegler, de l’Unité Parkinson à l’hôpital parisien Léopold Bellan, décrit ainsi la maladie de Parkinson : “Elle n'est ni toxique, ni infectieuse, ni tumorale. La région qui est touchée dans la maladie est ce qu’on appelle le locus niger ou substance noire. C’est une petite région du cerveau de quelques millimètres qui est située dans la partie profonde du cerveau, au niveau des oreilles. Ce sont deux petits noyaux placés au centre du cerveau et dans ces noyaux, il y a un déficit en dopamine, responsable des signes cliniques : le tremblement, la lenteur et la raideur des gestes.” Premier constat, cette maladie neuro-dégénérative n’entraîne pas la mort. Elle handicape fortement la fin de vie, affaiblit l’organisme, et nécessite un traitement pour soulager le malade. D’autant plus qu’on peut poursuivre une vie “normale” ou même une activité professionnelle en adaptant son mode de vie aux contraintes des soins. Si comme l'assure le Dr Pierre Roelens, neurologue à l’hôpital de Saint-Pierre sur l'île de la Réunion, “on garde l’espoir de guérir un jour la maladie de Parkinson”, les solutions actuelles pour vivre avec sont avant tout des médicaments, dont l’administration est souvent complétée par des séances de kinésithérapie ou d'orthophonie.
Des médicaments qui aident à vivre mieux, mais ne sont pas exempts d'effets secondaires
Les médicaments prescrits pour lutter contre la maladie de Parkinson corrigent le manque de dopamine dans le système nerveux central. Cette adjonction biochimique à base de Levodopa est le traitement le plus utilisé aujourd'hui, le plus puissant et le mieux toléré. Pour autant, ce traitement n'est pas exempt d'effets secondaires, tels que des fluctuations motrices ou des mouvements anormaux involontaires. Franck Durif, neurologue au CHU de Clermont-Ferrand explique qu'il existe aujourd'hui d'autres types de substances, qui visent à modifier la dégradation de la dopamine dans le cerveau afin d'augmenter sa durée de vie ou de mimer son action. "Ces derniers, les agonistes dopaminergiques, ont démontré leur efficacité mais exposent parfois à des troubles de l'agressivité ou à des conduites addictives", explique-t-il. Enfin, il existe des médicaments qui limitent la dégradation de la dopamine, ce sont des inhibiteurs de certaines enzymes qui détruisent la Levodopa dans le foie. En inhibant ces enzymes hépatiques, et donc la dégradation de la Levodopa, ces médicaments, augmentent indirectement, la quantité disponible dans le cerveau.
Des traitements adaptatifs, à défaut de guérir
Une des principales caractéristiques de la maladie de Parkinson, c'est qu'elle évolue sans cesse. Au début de la maladie, le traitement du patient est relativement facile à adapter et consiste en général en une à trois prises de médicaments par jour. Mais ce rythme change lorsque la maladie progresse, car le patient connaît alors des phases différentes dans une même journée et le traitement doit s’adapter à ces phases. Les prises de médicaments se multiplient dans la journée mais doivent se faire avec régularité, condition sine qua non pour stabiliser le patient. Parmi les nouveaux médicaments, il faut signaler l’arrivée de comprimés à libération prolongée (LP), dans la classe des agonistes dopaminergiques, qui offrent une nouvelle prise en charge pour les patients. En effet, ce type de médicament facilite le quotidien du patient qui n’a plus qu’une seule prise de médicament en 24h.
La thérapie génique pour alimenter le cerveau en dopamine
Une autre voie de recherche est celle de la thérapie génique, piste de recherche actuellement explorée par Béchir Jarraya, neurochirurgien et Stéphane Palfi, professeur de neurochirurgie, au CHU Henri-Mondor. Elle consiste à implanter, dans une partie du cerveau, trois gènes qui permettront au malade de fabriquer lui-même la dopamine manquante. La difficulté consiste à amener ces gènes, grâce à une sonde, jusqu'au striatum, la partie du cerveau en manque de dopamine, qui est très difficile à atteindre. Les premiers tests ayant été très concluants, il faut maintenant vérifier l'efficacité de la thérapie et rechercher les doses optimales.
Les chercheurs sont loin de se décourager
Parallèlement, des chercheurs sont en train de mettre au point un système de détection de la maladie qui soit efficace le plus tôt possible, c'est à dire avant que la maladie ait pris une ampleur telle qu'il ne soit plus possible de la soigner. C'est le travail de recherche qu'a entrepris le neurologue Jean-Marc Orgogozo, en collaboration avec le généticien Daniel Cohen, qui a pour objectif d'accélérer le diagnostic de la maladie. « Si l’on peut poser un diagnostic beaucoup plus tôt, plus de dix avant le début des symptômes, les lésions seront nettement moins évoluées et les traitements auront plus de chances d’être efficaces » indique Jean-Marc Orgogozo. Ainsi, un test biologique fiable pourrait voir le jour d’ici deux à trois ans, ouvrant la voie vers un diagnostic précoce, diagnostic que les tests neuropsychologiques actuels ne peuvent pas garantir au niveau du dépistage individuel.
Quant aux traitements curatifs, les laboratoires pharmaceutiques y consacrent une part importante de leur activité de recherche et développement. On dénombre actuellement une vingtaine de médicaments à l’essai dans le monde.
Quant aux traitements curatifs, les laboratoires pharmaceutiques y consacrent une part importante de leur activité de recherche et développement. On dénombre actuellement une vingtaine de médicaments à l’essai dans le monde.