
SMIC et incitations sociales
Voilà ce qui intéresse les classes politiques de notre pays, mais pas forcément les classes populaires. Ce matin au supermarché, Mounir caissier en supermarché de proximité, souhaite la bonne année aux clients de manière sincère et élégante. Les clients lui répondent, « et pour vous du travail et de l’amour ». Mounir ne cache pas sa peine en cette première semaine de l’année, car avec ses 38 ans et son Bac+2 en poche, il n’est payé qu’au SMIC. Alors ce salarié répond qu’il souhaiterait toucher davantage pour boucler ses fins de mois, d’autant qu’il court après les petits boulots en pleine concurrence avec les étudiants. L’utilisation selon lui est différente, puisqu’avec deux enfants, il doit subvenir aux besoins de sa famille alors que les étudiants « claquent dans les fringues, les boîtes de nuits, car leur logement est en grande partie payé par la CAF ».
Tous ces emplois précaires, de fortune, sont aujourd’hui subventionnés en partie par l’Etat, entre les contrats de génération, les CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi), contrats d’avenir,… Pour certains revenus faibles, comme les étudiants, les prestations sociales sont importantes. Et d’ailleurs, Martin Hirsch, dans son livre « pourquoi cela revient cher d’être pauvre » dénonce un cercle vicieux. Toutes les mesures prises par les élus incitent à la précarité, et cela revient très cher à la collectivité. Cela semble paradoxal, mais trouver un travail semble tout à fait possible à condition de ne pas être qualifié ou encore de ne pas avoir d’expérience. C’est une preuve pour justifier un salaire au ras des pâquerettes.
Alors, il est certainement plus aisé de ne rien faire, d’attendre que l’orage passe, et de vivre chichement plutôt que d’être à la rue. Les aides sociales sont là. Surtout pour les familles il est urgent de bien déclarer des enfants et de ne pas être marié, pacsé ou en concubinage. Ce phénomène est bien connu outre atlantique, dans les DOM, où les « allocations braguettes » sont un signe de richesse.
Le millionnaire : pas pour les salariés
Entre les employés précaires et les français qui gagnent beaucoup d’argent, il y a un chiffre commun : le million. Les millionnaires, au sens des revenus, doivent se soumettre à l’impôt très impopulaire de 75%, tandis que les autoentrepreneurs, qui sont limités à 30500 euros de revenus annuels et bénéficient d’une « remise » des charges sociales dès lors qu’étaient chômeurs sont aujourd’hui « un million » (ou presque).
Ces nouveaux entrepreneurs malgré eux deviennent des non-salariés précaires, mais qui peuvent finalement par la suite gagner davantage que le SMIC. Cela devient de plus en plus improbable alors que le SMIC est aujourd’hui très élevé en France, avec des charges également très élevées.
Les entreprises ont davantage envie de prendre ces entrepreneurs de fortune qui bénéficient d’une exonération de TVA et d’un plafond annuel, alors que les risques ne sont plus pour l’employeur mais pour l’employé sous-traitant devenu chef d’entreprise. Il est à se demander si le statut de salarié a un avenir, et donc si les indicateurs de Pôle Emploi sont suffisamment plausibles, puisque le salarié risque de ne plus exister.