Stagiaires en entreprise : mieux payés, mieux cadrés



Valérie Dumas
Mercredi 28 Mai 2014

La proposition de loi relative au développement et à l'encadrement des stages en entreprises devrait, selon toute vraisemblance, être définitivement adoptée le 12 juin à l'Assemblée nationale. Une loi qui va concerner quelque 1,6 millions d'étudiants qui effectuent un stage cette année (contre 600 000 en 2006).


87 euros d'augmentation par mois

Principale mesure prise au travers de cette loi, la rémunération des stagiaires, qui passe d'un minimum de 436,05 euros à 523,26 euros par mois. De plus, cette gratification (qui n'est donc pas un salaire) pourra être perçu dès le début du 2ème mois de stage, alors que jusqu'à présent le stagiaire devait attendre le début du 3ème mois pour recevoir rétroactivement sa gratification. La loi prévoit également que les stagiaires pourront accéder aux restaurants d'entreprise ou percevoir des tickets restaurant, et qu'ils pourront bénéficier des aides au transport quelque soit leur ancienneté dans l'entreprise. Enfin, leur temps de travail ne pourra pas dépasser celui des salariés.

Les stagiaires contingentés

Autre nouveauté, la loi prévoit de limiter le nombre de stagiaires dans l'entreprise pour lutter plus efficacement contre le recours abusif aux stagiaires. Le quota ne devrait pas dépasser 10% de l'effectif de l'entreprise pour les établissements de plus de 30 salariés et 3 stagiaires pour les structures de moins de 30 salariés.

Une réelle avancée ?

Même si les représentants des associations de défense des stagiaires se disent globalement satisfaits de cette proposition de loi, ils n'en resteront pas moins attentifs à la manière dont les décrets d'application seront rédigés pour limiter le flou dans l'application de ces nouveautés dans les entreprises. De leur côté, les experts rappellent que plusieurs éléments de cette loi étaient déjà présents dans les textes antérieurs (loi Cherpion de 2011 et loi Fioraso de 2013), ce qui témoigne de la difficulté à faire appliquer cet encadrement des stagiaires, même si dans le principe, c'est une véritable avancée sociale.

Les difficultés des étudiants persistent

L'augmentation de la gratification du stage ne résout en rien le problème de la précarité des étudiants, surtout pour ceux qui doivent effectuer un stage à Paris et qui viennent de province. Trop d'étudiants en France ont des difficultés financières et n'obtiennent pas les bourses adéquates.
 
Au delà du problème de la gratification des stages en entreprises, plusieurs spécialistes de l'éducation se posent aujourd'hui la question de l'opportunité de multiplier les stages sans que leur qualité éducationnelle ne soit démontrée. Trop d'entreprises continuent à recourir aux stagiaires pour profiter d'une main d’œuvre bon marché et certains établissements scolaires diminuent le temps de formation au profit  de stages sans réel lien ni justification pédagogique.
 

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