TER trop larges : « couac » de la SNCF ou faux scandale ?



Paolo Garoscio
Jeudi 22 Mai 2014

Le public aime les scandales et la presse aussi. Le public les aime car il peut gueuler sur celles et ceux qui ont le pouvoir (il n’y a pas de « scandale » de M. Tout-le-monde, sauf cas exceptionnels), la presse les aime car ils font vendre (et la presse a besoin de vendre, le secteur étant en crise). Et si parfois les scandales sont vrais, comme l’affaire Cahuzac ou le cas Madoff, parfois les faits ne sont pas si scandaleux que ça. Le « couac de la SNCF » concernant la commande de TER trop larges pour certains quais de gare pourrait bien tomber dans cette dernière catégorie.


cc/Flickr/cklx
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Le scandale de la SNCF se résume en peu de mots : la SNCF a commandé de nouvelles rames plus larges que les anciennes afin qu’elles puissent accueillir plus de voyageurs, le nombre de voyageurs étant en constante augmentation. Problème : ces TER seraient trop larges pour certains quais de gare qu’il va falloir raboter. Du coup, logiquement, voilà que des travaux sont à prévoir.

De là à dire qu’il aurait suffi de commander des rames moins larges (ou, simplement de prendre les bonnes mesures) il n’y a qu’un pas. Un pas facile dont personne ne se prive. Au fond, on a tous une dent contre la SNCF car un jour ou l’autre on a été bloqué dans un train, on est arrivés en retard au travail, on a subi une grève…

Mais si ce n’était pas le cas ? Si, en fait, ces travaux étaient logiques et prévus, comme l’ont déclaré la SNCF et le Réseau Ferré de France (RFF) dès le départ ?

C’est le blog Verel qui émet cette hypothèse. L’auteur de l’article se présente comme ayant travaillé pour Bombardier qui, avec Alstom, a reçu cette commande. L’entreprise aurait eu connaissance de la nécessité d’élargir les quais de 20 centimètres depuis plusieurs années.

En fait, c’est simple : les quais qu’il faut raboter seraient de vieux quais construits avant les normes de standardisation et qui n’ont quasiment pas subi de travaux depuis. Le rabotage ne serait donc qu’une simple mise aux normes européennes. Pour un montant, d’ailleurs, assez minime : entre 50 et 100 millions d’euros selon si l’on prend les chiffres annoncés par RFF ou ceux des médias. Une somme énorme pour M. Tout-le-monde qui travaille pour un SMIC tous les jours.

Mais comparée aux 15 milliards d’euros de la commande passée par la SNCF et même aux 4 milliards d’euros d’investissement annuel de RFF, cette somme est dérisoire.

Selon le journal Le Monde, au final, le scandale, s’il faut en trouver un, serait à chercher entre la SNCF et la RFF qui ne voudraient, ni l’une ni l’autre, payer les travaux. Du coup ces travaux dont la nécessité était connue depuis longtemps n’ont pas encore été réalisés alors que la commande devrait être livrée entre 2014 et 2016.

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