La faille fatale du capitalisme
Telle est la thèse essentielle de ce pavé de 700 pages, qui soutient que dans le régime capitaliste, les riches deviennent encore plus riches, que les inégalités ne cessent d'augmenter et que cette tendance est inexorable. Fruit de la compilation de données historiques dans plus de 20 pays sur la répartition des revenus et des patrimoines, ce livre apporte bel et bien une nouvelle vision de l'histoire de l'économie au cours des 2 siècles passés.
Un des meilleurs livres d'économie selon les Américains
Invité aux Nations Unies, en compagnie de prestigieux prix Nobel, interviewé par les plus grands médias américains, Thomas Piketty a encore plus de succès que l'auteur d'un roman best seller. Son livre, édité en anglais par Harvard University Press, s'est d'ores et déjà écoulé aux Etats-Unis à plus de 60 000 exemplaires. Il faut dire que l'économiste n'est pas un inconnu pour les Américains puisqu'il a été l'un des plus jeunes professeurs du MIT avant d'élire domicile à l'Ecole d'Economie de Paris.
Thomas Piketty cultive également une certaine influence auprès des politiques français puisqu'il a été conseiller de Ségolène Royal pendant sa campagne pour l'élection présidentielle. Il a aussi inspiré le programme électoral de François Hollande, notamment sur le volet de la réforme fiscale.
Thomas Piketty cultive également une certaine influence auprès des politiques français puisqu'il a été conseiller de Ségolène Royal pendant sa campagne pour l'élection présidentielle. Il a aussi inspiré le programme électoral de François Hollande, notamment sur le volet de la réforme fiscale.
De vives critiques
Les critiques de l'ouvrage semblent aussi fortes que les louanges. Qualifié gentiment de "visionnaire utopiste" par le Wall Street Journal, le livre est aussi taxé plus sèchement de "marxisme de sous-préfecture" par Le Point. Que lui reproche-t-on au juste en France ? Principalement de ne pas lire objectivement les courbes historiques d'augmentation des revenus des ménages les plus riches. Ainsi, selon ses détracteurs, les inégalités n'auraient pas augmenté inexorablement mais uniquement pendant les périodes de "bulles économiques", comme 1929 et 2008, et se seraient réduites ensuite. De la même manière, l'auteur suggère que l'Etat est en mesure de remédier aux inégalités tandis que d'autres pensent au contraire que l'Etat est la principale cause de la croissance des inégalités. En somme, l'ouvrage divise très classiquement sur l'opportunité de taxer fortement les hauts revenus et les richesses pour réduire la dette publique et les inégalités économiques.
Ce à quoi Thomas Piketty répond, dans une interview au New York Times : "Je crois en la propriété privée. Mais le capitalisme et les marchés devraient être les esclaves de la démocratie et pas le contraire."
Ce à quoi Thomas Piketty répond, dans une interview au New York Times : "Je crois en la propriété privée. Mais le capitalisme et les marchés devraient être les esclaves de la démocratie et pas le contraire."