Travailler plus pour gagner moins



Mercredi 29 Janvier 2014

Le chômage a encore progressé en dépit des efforts du gouvernement. Le choc de compétitivité n’est pas (encore ?) au rendez-vous. Quels remèdes ? Baisse du coût horaire et/ou gagner plus pour investir plus ?


Travailler plus pour gagner moins
Remise en cause des 35h

La France est un des pays qui travaille le moins en Europe, officiellement avec 35 heures pour un emploi rémunéré sur une base horaire. Pourtant, la moyenne effective de travail hebdomadaire des français est de 39.5 heures. Les britanniques sont les actifs qui travaillent le plus, ensuite arrivent les allemands et les scandinaves. On est loin de chiffres sud-coréens, où le temps de travail hebdomadaire est de 44 heures par semaine, même si la plupart des salariés font beaucoup plus.

Alors, pour redevenir compétitif, avec un choc de compétitivité qui n’a pas eu lieu dans l’hexagone, certains comme Hervé Morin, le Président du Nouveau Centre, proposent « le passage à trente-neuf heures payées trente-cinq » dans un entretien accordé aux Echos, hier.

Cela permettrait finalement d’officialiser les 39.5 heures effectives passées en moyenne au travail. Ce qui indique fondamentalement que la France serait compétitive sans réellement le savoir de manière tout à fait officielle.
Jouer sur le dénominateur serait sans doute une bonne chose, à savoir, un même salaire, donc un coût fixe pour les entreprises ramenées à un coût horaire tout à fait compétitif avec les pays voisins, auquel s’ajouteraient les efforts consentis avec l’exonération de certaines charges. Mais est-ce suffisant ?

Une affaire d’investissements

Rien de tel que d’attirer les investisseurs étrangers sur le territoire. Alors, si l’emploi est « abordable » et plus intéressant que chez nos voisins, tout semblerait porteur pour permettre d’attirer des capitaux même lointains.
« L’investissement résulte d’une demande, qu’elle provienne de la consommation intérieure ou des exportations, et de l’expansion », selon l’économiste Philippe Escande. Etre compétitif revient donc également à consommer plus. Et pour consommer plus, il est important de gagner plus pour détenir un pouvoir d’achat entre les mains.

Investir ne revient pas seulement à encourager les industriels à remplacer les hommes par des machines. Tout dépend de sa performance industrielle, et le modèle industriel des pays émergents privilégiera les hommes rémunérés faiblement, alors que les pays industrialisés s’adapteront à une automatisation forte avec des employés très qualifiés et bien rémunérés.

Trouver un cercle vertueux

Sans investissement en France, l’industrie ne sera pas compétitive : elle sera dépassée et subira l’ascension sous ses yeux des voisins européens qui auront su se démarquer.
Le marché local doit également être dynamique pour relancer la consommation et écouler les biens produits. Cette équation semble compromise dès lors que les salariés ne sont pas augmentés ou travaillent davantage pour gagner moins ou tout autant.

Après le travailler plus pour gagner plus, serions-nous à l’aube du « travailler plus pour gagner moins » ? Il est important de gagner plus pour consommer plus et investir davantage. Sans doute un compromis reste à trouver, pour que la France redevienne compétitive dans son taux horaire, tout en permettant de gagner plus en travaillant plus…

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