Un TGV au Maroc : pour quoi faire ?



Cafeine Le Mag
Jeudi 26 Janvier 2012

Après avoir essuyé bien des critiques, le projet d'une ligne TGV au Maroc va finalement aboutir, mais une question reste sans réponse : Un TGV au Maroc : pour quoi faire ? Avec l'opacité qui règne sur la concrétisation de ce projet, les Marocains doutent de l'utilité d'un TGV et préféreraient que les sommes engagées soient mobilisées pour financer d'autres projets créateurs d'emploi.


Un TGV au Maroc : pour quoi faire ?

Zéro Rafale, mais un TGV

Après une rétractation du roi Mohammed VI sur une éventuelle commande du nouveau Rafale, Nicolas Sarkozy avait réclamé une compensation par l'achat d'un TGV. Malgré ses efforts, le gouvernement français n'a toujours pas réussi à vendre de Rafale à l'étranger. Alors quand on ne peut pas vendre l'un, pourquoi l'autre. L'autre c'est le TGV, symbole d'une France moderne à la pointe de la technologie. Cette vente est un succès que salue fièrement notre président en précisant que des emplois seront ainsi créés pour les Français et que les Marocains pourront bénéficier d'une technologique remarquable. Excellent VRP, Nicolas Sarkozy a fait le forcing auprès du Roi Mohammed VI à qui, il a réclamé une compensation pour ne pas avoir acheté le Rafale. Un projet bien opaque dont l’utilité remise en cause et les coûts exorbitants font grincer des dents.

Trois milliards d'euros pour l'incertitude

Initialement, le prix de ce TGV marocain était annoncé à deux milliards d'euros, mais le montant de cette commande à caractère diplomatique s'avère être bien plus élevé. Ainsi, ce sont trois milliards d'euros qui devront être déboursés, soit 50 % de plus que prévu. Une somme astronomique que le Maroc ne peut pas supporter tout seul et qui soulève la question de la rentabilité. Comment une population dont un tiers est analphabète et dont le pouvoir d'achat est insuffisant pour se payer un billet de TGV pourrait-elle soudainement utiliser le TGV pour se déplacer ? Sachant cela, comment espérer que la ligne Casablanca-Tanger ne soit pas un gouffre financier pour le Maroc ? Ce sont là des questions balayées par des arguments bancals. Certains avancent qu'il serait criminel de priver les Marocains des biens faits du TGV. Il ne faut donc pas parler d'utilité et de rentabilité, mais qu'en est-il de l'investissement ?

Qui va payer la note ?

Le Maroc n'a pas les moyens de financer un tel projet dans sa totalité. Un peu plus de cinq cents millions d'euros, c'est tout ce que peut supporter le Maroc, et pour le reste ce sont les états amis et surtout la France qui mettront la main à la poche. En effet, cette dernière va prêter pas moins d'un milliard d'euros au Maroc qui sera remboursé à des conditions avantageuses, et les 400 millions d’euros restants seront généreusement supportés par l'Arabie Saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis. Là encore, l'opacité des opérations est de mise, car aucun appel d'offres n'a été lancé, ce qui a valu au Roi du Maroc un refus de prêt de la banque européenne d'investissement. Telle est la raison pour laquelle il a dû se tourner vers les pays amis. L'Allemagne ne manque pas de rappeler la controverse des opérations France Afrique et pointe du doigt cette nouvelle opération qui ne semble être que purement politique. Cependant, le ministre des transports marocain assure lui, que l'arrivée du TGV est logique et qu'il répondra à un besoin concret.

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