Vers une désintermédiation du marché de l'art?



Cafeine Le Mag
Vendredi 16 Novembre 2012

La désintermédiation du marché de l'art est une idée de Thierry Ehrmann, un chef d’entreprise bien connu du secteur et qui a le don de mettre en colère les commissaires priseurs, mais sans pour autant les inquiéter.


Vers une désintermédiation du marché de l'art?

Le nouveau visage du marché de l'art

Depuis toujours, les ventes d'œuvres d'art se font en salle des ventes avec en plus quelques acheteurs qui participent aux enchères par téléphone. Aujourd'hui, ces enchères à distance représentent une grande partie des ventes, et Thierry Ehrmann a eu l'idée de dématérialiser davantage les ventes, en dispersant plus de 800 millions d'œuvres d'art sur Internet. Cela lui a valu les foudres des commissaires priseurs, qui estiment que la vente aux enchères d'œuvres d'art est un métier qui leur est réservé. Ainsi, sous la pression et les attaques, Thierry Ehrmann, qui rappelons-le, est le PDG d'Artprice, leader des bases de données du marché de l'art au niveau mondial, fut contraint de retirer le terme de « vente aux enchères » et de le remplacer par « professionnel du courtage ». Malgré l’apaisement des commissaires priseurs, la guerre sur le marché de l'art se poursuit tout de même avec virulence.

Artprice contre les maisons de ventes

La possibilité pour les acheteurs de rester chez eux est l’atout majeur d’Artprice. En effet de nombreux acheteurs ne veulent pas être vus sur les lieux de ventes. Ainsi, la vente sur Internet représente de nombreux avantages, à commencer justement par la possibilité pour les acheteurs de garder l'anonymat. Mais il y a également l'argument du prix des œuvres d'art, car les frais d'intermédiation disparaissent, à savoir ceux des commissaires priseurs. En salle des ventes, les frais d'intermédiation s'élèvent à 37 % contre 5 % via Internet. Et pour faire monter les prix des œuvres lors des ventes, Artprice recherche dans sa base de données, les collectionneurs susceptibles d'être intéressés. Le concept repose donc sur une mise en relation directe des acheteurs et des vendeurs, en tenant compte des profils et expériences des acheteurs. En d'autres termes, bien que Thierry Ehrmann ne puisse utiliser le terme de vente aux enchères, c'est bel et bien ce qu’il fait, mais de manière dématérialisée et ciblée.

Les commissaires priseurs, furieux, mais pas inquiets

La guerre qui fait rage entre les maisons de ventes et les collecteurs de données comme Thierry Ehrmann avec sa société Artprice, est qualifiée de quasi-guerre de religion par les professionnels du marteau. Certains d'entre eux utilisent d'ailleurs déjà Internet, mais affirment que seul un petit pourcentage des ventes est réalisé via ce canal. Ainsi, bien que furieux, les commissaires priseurs ne sont pas pour autant inquiets pour leurs affaires. Les ventes nécessitent selon eux, un contexte affectif que l'on ne peut trouver autre part que dans les salles des ventes, sans compter que rien ne peut remplacer leur expertise. Une garantie que les collecteurs de données ne peuvent fournir. À prix discount correspond une qualité discount, ce qui ne fait pas partie des méthodes des maisons de ventes. Pourtant, si les commissaires priseurs semblent sereins et ne manquent pas d’arguments pour valoriser leur rôle dans les ventes, le courtage électronique semble confirmer son essor.

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