Des crapauds sismologues



Jeudi 24 Avril 2014

Un sismologue estime que les amphibiens pourraient prévoir l’arrivée des tremblements de terre


Des crapauds sismologues
Les animaux peuvent-ils prédire les séismes  ? Cette question, fondamentale, devrait être prise au sérieux, estime le sismologue Louis Geli, directeur du département Géosciences marines, de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, (Ifremer). Malheureusement, « C'est impossible aujourd'hui d'avoir un financement sur cette question », a t-il regretté.

Il a notamment rappelé, que « Ceux qui s'y intéressent sont considérés comme des marginaux ». Pourtant, à titre d’exemple, il a rapporté qu’une équipe de chercheurs britanniques avait observé, cinq jours avant le séisme survenu dans la ville italienne de L'Aquila, en avril 2009, qui a fait 299 morts, un changement brutal dans le comportement des amphibiens dont ils observaient la reproduction. « Les crapauds pourraient avoir été dérangés par des changements de composition des eaux, provoqués par des émanations de gaz survenant avant le séisme », explique t-il.

Cette découverte « devrait ouvrir des champs de recherche, mais c'est très difficile », regrette le géophysicien marin. « En Occident, que ce soit aux États-Unis, en France ou en Angleterre, on rejette la recherche sur les signes précurseurs des séismes liés aux animaux. C'est véritablement une question de culture », ajoute t-il.

L'histoire des crapauds de L'Aquila « fait beaucoup rire les gens et laisse complètement sceptiques les scientifiques », déplore l'expert. Pourtant, il rappelle qu’à la fin des années soixante, des dizaines de milliers de paysans chinois ont été désignés pour observer le comportement des animaux - sensibles aux ondes - et tenter de prévenir les séismes.

Certains ont ainsi raconté avoir vu des souris et des serpents s'agiter comme des fous, des chiens pousser des hurlements, ou encore des chevaux et des vaches frapper avec leurs sabots, les murs de leurs écuries et étables. Avant le séisme de février 1975 à Haïcheng, dans le nord-est de la Chine, des observateurs ont remarqué que des serpents avaient stoppé leur hibernation, sortant de leur trou, pour finalement mourir de froid. « On ne sait pas si les serpents sont sortis avant ou après la secousse », reconnaît Louis Geli, mais il estime que « ces observations mériteraient d'être confirmées de manière scientifique ».

« On fera progresser la connaissance si on travaille sur cette question du comportement des animaux en relation avec les fluides et les conditions environnementales », assure-t-il, expliquant qu'aujourd’hui, on ne peut pas  prédire les tremblements de terre, la surveillance des données - secousses sismiques ou modification des champs électromagnétiques – sont insuffisantes pour déterminer un modèle fiable.



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